vendredi 6 février 2009

Rencontre avec Vann Nath


J'ai connu Vann Nath pour la première fois par le biais du film de Rithy Panh, S-21 la machine de mort khmère rouge (télécharger le dossier de presse sur Arte Pro). Vann Nath n'est pas amer, ni rancunier envers ses bourreaux. Implacable, mais digne, il cherche à comprendre cet océan d'absurdités monstrueuses qui a englouti le Cambodge, la conscience de ses bourreaux et les vies de presque tous ses codétenus. Par quel hasard, par quel concours de circonstances a-t-il réussi à survivre ? il se le demande toujours, mais s'il ressent peut-être un poids, une culpabilité à être l'un des seuls rescapés du S-21, il parvient néanmoins à en faire quelque chose de positif. Il prend la parole pour les victimes, pour les morts, qui n'ont plus le droit de parler. Vann Nath leur rend hommage, porte leur voix, transmet leur mémoire, et manifeste leur présence en couchant leurs traces indélébiles sur ses toiles, inlassablement.

J'ai appris un jour qu'il souffrait des reins par le biais de Renata, notre secrétaire, aussi, l'avons-nous rencontré le 1er mai 2006 lors d'un repas organisé par le CVKR (Comité des Victimes des Khmers Rouges) en son honneur. Il était venu en France faire des examens médicaux. Je me souviens l'avoir revu peu après, à l'aéroport où j'ai essayé de lui dire tout le respect que je lui porte, je n'avais pas encore les mots en khmer, alors j'ai essayé de le faire avec des gestes, sans doute maladroitement, mais en toute sincérité.
Je l'ai ensuite à nouveau rencontré l'année dernière, lors de mon premier séjour au Cambodge, dans le restaurant qu'il tient avec sa famille, cette fois avec un peu plus de vocabulaire khmer dans mon escarcelle. Je l'ai interrogé de manière plus précise sur sa maladie et lui ai soumis l'idée de l'association. Après pas mal de mois est née notre association, le Cercle des Amis de Vann Nath.